Débat entre têtes de listes françaises : et l’Europe dans tout ça ?

Avertissement : les tribunes sont des contributions individuelles de sympathisants du mouvement au débat et ne reflètent pas nécessairement les positions de celui-ci.

, par Claire Versini

Débat entre têtes de listes françaises : et l'Europe dans tout ça ?

Débat européennes 2019 dans « L’Emission politique » - Mathieu Delmestre - CC BY-NC-ND 2.0

Jeudi 4 avril 2019 a eu lieu un premier débat entre les 12 têtes de listes présentant des candidats et candidates aux élections européennes du 26 mai 2019. Un débat dont les français ont plus entendu parler en amont en raison des batailles qu’ont menées certains candidats pour avoir le droit d’y participer que pour le fond des sujets qui allaient y être débattus… et qui n’a pas su relever le niveau.

Sur trois heures de débat, l’émission a ainsi entre autre invité les potentiels futurs représentants et représentantes des citoyens au Parlement européen à se prononcer sur des sujets qui ne relèvent en rien de la compétence de ce dernier, comme le fait de savoir qui était en faveur d’une adhésion de la Serbie à l’Union européenne, ou de la cession du siège de la France au Conseil de Sécurité de l’ONU au profit de l’UE. Un format qui n’a pas aidé les candidats et candidates à dépasser cette habitude bien française qui consiste à parler de ce que l’on peut faire au niveau européen comme d’une extension de ce que la France pourrait faire, simplement à une échelle européenne.

Ajoutez à cela le nombre de candidats et candidates qui ont ramené la quasi intégralité des sujets à des enjeux nationaux, voire à un enjeu binaire “pour ou contre les politiques menées par En Marche”, et voici une nouvelle occasion manquée d’aborder en prime time les véritables enjeux de l’élection européenne. Doublée d’un bel échec en matière de pédagogie : aucun rappel des pouvoirs du Parlement européen, de son organisation, des enjeux sur lesquels il vote… ce qui a du rendre bien obscures les piques envoyées par certains candidats et certaines candidates sur les “groupes” dans lesquels les uns et les autres allaient siéger, ou derrière quels “Spitzenkandidaten” ils se rangent ! Rappelons ici qu’une étude menée pour la Fondation Jean Jaurès [1] a récemment montré que l’Europe n’occupe que 2,7% de la production médiatique française… une lacune à laquelle on peut de toute évidence ajouter une carence qualitative en la matière.

Malgré le contexte peu propice à l’expression d’opinions sur les orientations que l’Union européenne pourrait prendre avec son Parlement fraîchement élu à partir de mai 2019, quelques propositions soutenues depuis bien longtemps par les cercles fédéralistes :

  • Gouvernance européenne : le débat sur la gouvernance européenne s’est rapidement transformé en débat sur les lobbys mais a permis de mettre en exergue le fait que les candidats d’EELV, de PP/PS et de Generation.s sont pour un renforcement des pouvoirs du Parlement, voire d’un droit d’initiative législative de ce dernier
  • Cession du siège de la France au Conseil de Sécurité de l’ONU au profit de l’UE : même si cette question n’avait rien à faire dans un débat entre têtes de listes présentant des candidats et candidates pour le Parlement européen, il est intéressant de noter qu’un seul d’entre eux a voté en faveur de cette proposition, Benoît Hamon (Generation.s)

On notera aussi que, pour une fois, le mot de fédéralisme a pu être entendu ça et là… mais pour désigner une forme de centralisme à la française que l’on reproduirait au niveau européen… une tendance qui a tendance à se répandre dans le débat et va nécessiter de la part des fédéralistes un effort de pédagogie pour se dissocier de celles et ceux qu’on désigne comme les représentant de ce courant alors qu’ils en sont généralement plutôt les fossoyeurs.

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