Une tribune dans "Libération" en faveur d’une Europe fédérale pour sauvegarder les souverainetés Article de Michel Dévoluy publié initialement dans Libération, le 21 février 2022

Avertissement : les tribunes sont des contributions individuelles de sympathisants du mouvement au débat et ne reflètent pas nécessairement les positions de celui-ci.

, par Adeline Morais Afonso

Une tribune dans "Libération" en faveur d'une Europe fédérale pour sauvegarder les souverainetés

Michel Devoluy est professeur honoraire des universités, titulaire d’une chaire Jean Monnet d’économie de l’intégration européenne, membre du comité d’animation de l’UEF Sud France et auteur de Osons enfin les États-Unis d’Europe (2019), disponible en ebook aux éditions Presse fédéraliste.

Son article a été initialement publié sur le site de Libération le 21 février 2022.

Les 27 États membres de l’Union européenne (UE) sont-ils vraiment encore souverains ? Si rien ne change en profondeur, ils deviendront de simples pions sur l’échiquier de la géopolitique planétaire. Mais la construction d’une Europe fédérale, dotée des prérogatives d’une puissance mondiale, sera en capacité de contrecarrer ce mouvement. Celles et ceux qui veulent se faire élire en proclamant que la France restera souveraine en s’éloignant de l’Europe font une approche périmée et poussiéreuse de l’indépendance nationale.

Depuis des années, les États mastodontes, les firmes globales et le règne des marchés dérégulés ont imposé une modification radicale de l’exercice des souverainetés nationales. Désormais, aucun État démocratique de taille moyenne est en mesure de décider en toute indépendance de ses politiques, qu’elles soient étrangère, militaire, économique, sociale, environnementale, migratoire ou sanitaire. Aucun État européen peut, seul, sécuriser ses approvisionnements en matières premières et en ressources alimentaires, discipliner les forces financières, contrôler les canaux d’informations et le stockage des données.

La souveraineté, c’est aussi être en capacité de promouvoir ses valeurs et ses normes juridiques, d’exercer son soft power, de choisir son mode de vie. Pure illusion que d’imaginer un Etat européen conduisant son destin en se drapant dans une autonomie stratégique fictive.
Le déroulement de la crise ukrainienne, le dépliage par la Chine de la “Route de la soie” et les tribulations des sous-marins australiens illustrent cette réalité. Au 21ème siècle, être souverain tout seul est une chimère. Sauf à basculer dans un régime de nature autarcique et dictatorial.

Les sept décennies d’intégration européenne ont forgé un socle de paix et de prospérité au bénéfice de tous les Européens. L’euro, composante majeure de la souveraineté, est un succès que personne de raisonnable conteste. Mais l’UE reste au milieu du gué. Les enjeux et les défis actuels appellent à rehausser le niveau de solidarité de ses membres en allant bien au-delà du marché et de la monnaie unique. Mutualiser les souverainetés nationales au sein d’une fédération européenne est devenu indispensable. Pour cela, il faut se libérer de schémas de pensée obsolètes et consentir à des transformations institutionnelles.

Certains États, la France en particulier, sont rétifs à la démarche fédéraliste. S’écarter du modèle où tout dépend de l’État centralisé éveille méfiance et inquiétude. La souveraineté serait une et indivisible, ce qui est déjà contredit par la présence de l’euro. Une fédération n’est pas un monstre froid qui gomme les identités préexistantes. Sa vocation est de répartir optimalement les pouvoirs entre l’État fédéral et ses membres, dans l’intérêt de l’ensemble des citoyens et de tous les États constitutifs.

Aujourd’hui, les 27 ont des ambitions différentes pour l’UE et des vues discordantes sur des valeurs fondamentales. Surmonter cette hétérogénéité passe par la construction d’une Europe à “plusieurs vitesses”. Il s’agit de former un “premier cercle” (une “avant-garde”) agrégeant les Etats prêts à se fédérer. En espérant que d’autres, demain, les rejoignent.

Des portes se sont ouvertes dans cette direction. La coalition “feu tricolore”, désormais au pouvoir en Allemagne, s’est engagée dans son programme à “conduire à l’évolution de l’Union européenne vers un État fédéral”. Il serait consternant qu’une telle clairvoyance ne suscite aucun écho ailleurs en Europe. Et notamment en France où le souverainisme s’invite au cœur de la campagne électorale.

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