Eurobaromètre : un attachement à l’Europe qui doit faire réfléchir

Avertissement : les tribunes sont des contributions individuelles de sympathisants du mouvement au débat et ne reflètent pas nécessairement les positions de celui-ci.

, par Jean-Mathieu Robine

Eurobaromètre : un attachement à l'Europe qui doit faire réfléchir

Une enquête d’opinion réalisée en mars dans toute l’Europe démontre l’attachement au projet européen mais aussi les attentes envers l’Europe. Une très large majorité des personnes interrogées souhaite des réponses européennes aux grands défis du moment notamment en matière de terrorisme, chômage, environnement et fraude fiscale. Jean-Mathieu Robine commente les résultats de cette enquête d’opinion.

Les résultats de ce sondage sont une très bonne nouvelle. Compte tenu de l’ambiance parfois inquiétante de la campagne présidentielle française actuelle, on aurait pu craindre d’autres réponses. L’attachement des Français à l’UE et à la construction européenne telle qu’elle apparaît dans ce sondage devrait faire réfléchir les personnalités politiques qui prônent la destruction de l’Europe.

Mais les attentes très fortes des sondés à l’égard de l’UE sont aussi un avertissement puisque la gouvernance inter-gouvernementale actuelle est manifestement et structurellement incapable d’y répondre, faute d’institutions qui permettraient des prises de décision à la fois rapides, efficaces et démocratiques.

On ne peut pas décider efficacement et par consensus à 28, surtout quand aucun des 28 n’est chargé, de par ses fonctions, de défendre et de promouvoir l’intérêt général de l’UE. La France serait ingouvernable si, au lieu d’avoir un président élu et un gouvernement responsable devant le parlement, elle avait à sa tête un conseil des présidents des conseils régionaux ou des conseils départementaux. Aucune instance démocratique ne fonctionne durablement ainsi, à quelque niveau de responsabilité que ce soit !

D’où le manque flagrant de réactivité de l’UE, de la zone euro et de la zone Schengen face aux défis contemporains (crise économique et crise de la dette, crise migratoire, terrorisme, etc.), contrairement aux autres grandes puissances mondiales (USA, Chine, Russie, etc.).

Je ne connais que deux exemples historiques qui ressemblent à cette Europe intergouvernementale dont François Fillon voulait aggraver le fonctionnement sous prétexte d’y remédier et tous deux ont très mal fini : les institutions du Saint-Empire telles qu’elles étaient à la fin de l’Ancien Régime et celles de la confédération helvétique à la même époque, quand c’était une vraie confédération et non depuis qu’elle s’est fédéralisée. Au XVIIIe siècle, les cantons suisses étaient dirigés par une conférence permanente des ambassadeurs des cantons. Ça fonctionnait très mal. La première crise grave, en l’espèce la Révolution française, a fait exploser le système, ce qui a conduit la Suisse à la guerre civile. La Suisse n’a pu devenir le pays stable et prospère que nous connaissons qu’après avoir enfin mis en place de véritables institutions fédérales et démocratiques. La plus grande partie du Saint-Empire a mis beaucoup plus de temps à y parvenir, d’une façon encore plus chaotique, mais la solution a été la même : le processus a abouti à l’Allemagne fédérale que nous connaissons aujourd’hui.

J’espère que les Européens auront la sagesse de tirer les conclusions qui s’imposent à la paralysie actuelle de leurs institutions communes sans attendre qu’une crise grave les fasse disparaître et en épargnant à leur continent et au monde des troubles gravissimes dont nul n’est jamais totalement et définitivement à l’abri.

En effet, si les attentes à l’égard de l’UE et de la construction européenne des Européens en général et des Français en particulier étaient gravement et durablement déçues, le pire est à craindre. Nombre de nos compatriotes ne s’en rendent pas compte parce qu’ils vivent en paix depuis si longtemps qu’ils ont oublié à quel point la paix est fragile.

L’expérience de la Suisse, de l’Allemagne et d’autres pays comme l’Inde doivent nous servir de leçon : seul un État fédéral et démocratique peut assurer durablement la paix, la prospérité et les libertés en Europe.

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