La campagne « New Deal for Europe » continue

Avertissement : les tribunes sont des contributions individuelles de sympathisants du mouvement au débat et ne reflètent pas nécessairement les positions de celui-ci.

, par Lucio Levi

La campagne « New Deal for Europe » continue

Un article de Lucio Levi, premier signataire et promoteur de la pétition enregistrée par le Bureau des pétitions du Parlement européen le 21 octobre 2015 sous le numéro 1049/2015. Traduit de l’italien par Jean-Luc Prevel.

Le Plan Juncker représente le succès le plus significatif de la campagne New Deal for Europe (http://www.newdeal4europe.eu) ND4E, initiée par une Initiative européenne des citoyens (ICE) en 2014. Après sept années de politiques d’austérité, le Président de la Commission européenne a finalement affirmé que la croissance et la création de nouveaux postes de travail (objectifs qui inspirent la proposition politique de ND4E) sont ses priorités, il a spécifié que c’est une urgence et semble lier le destin de son mandat au succès du plan d’investissements, parce qu’il est convaincu que ce dernier contient la réponse à ce que les citoyens demandent. C’est nous qui avons inventé le mot d’ordre ND4E qui est désormais sur les lèvres de tous, de Tsipras à Renzi et Ségol et même Juncker l’a utilisé.

Les faits sont en train de nous donner raison. Le succès le plus notable de notre proposition est représenté par le fait qu’au cours de la campagne électorale européenne, elle a reçu le soutien de cinq des six têtes de listes des principaux partis européens et la promesse, de la part de Juncker, de considérer la proposition après les élections. Le Plan Juncker en constitue la réponse. Il a aujourd’hui commencé à être effectif. 10 comités nationaux, 68 ONG, 13 syndicats, 126 Maires (parmi lesquels ceux de Paris, Lyon, Lille, Rome, Turin et Pise), 47 personnalités du monde de la culture et de la politique et 50 membres du Parlement européen ont soutenu ND4E. Il y a des années qu’une campagne fédéraliste n’était pas arrivée à impliquer autant d’interlocuteurs du monde politique et de la société civile dans autant de pays européens simultanément. Nous avons lancé un mot d’ordre qui correspond aux besoins de larges couches de la population européenne et le monde de la politique n’a pas pu faire moins que de le reconnaître.

Nous pouvons affirmer que, alors que les trois ICE qui ont atteint l’objectif du million de signatures n’ont pas obtenu que la Commission formule les propositions législatives correspondantes, la nôtre est le seul cas pour lequel la Commission a transposé une proposition contenue dans une ICE et elle l’a fait avant la conclusion de la récolte de signatures. C’est pour cette raison que nous avons retiré l’ICE ND4E, mais en même temps, nous avons décidé de continuer la campagne ND4E pour poursuivre les objectifs qui n’ont pas encore été atteints (la création de nouvelles ressources propres à travers une taxe sur les transactions financières, une taxe carbone et d’obligations européennes de projets [euro-project bonds]), en recourant à un autre instrument de démocratie participative : la pétition (http://www.newdeal4europe.eu/en/petition) au Parlement européen.

Il est vrai que nous n’avons pas atteint l’objectif du million de signatures, mais c’est le destin qu’ont connu pratiquement toutes les ICE. Les difficultés rencontrées (le scepticisme, si ce n’est l’hostilité de la part de l’opinion publique et, ce n’est pas le moindre, la difficulté excessive de la procédure pour signer) sont telles que l’utilisation de l’ICE a quasiment cessé. Aujourd’hui, seules quatre sont en cours. Les institutions européennes sont en train de discuter sur ce qu’il faudrait faire pour sauver cette institution de démocratie participative (premier exemple d’initiative populaire des lois au niveau européen), qui avait suscité tant d’attentes et d’intérêts.

Quoi qu’il en soit, je pense que nous avons eu raison d’expérimenter cette institution novatrice qui a obtenu tant d’attention des institutions, du monde politique et de la société civile. Nous revendiquons la liberté d’expérimenter parce que nous sommes convaincus que personne ne détient la vérité a priori. C’est non seulement la connaissance mais aussi le succès des initiatives politiques qui se construisent laborieusement à travers les expériences. Nous qui aspirons à être l’avant-garde consciente du peuple européen, nous avions une sorte d’obligation morale d’être parmi les premiers à expérimenter l’instrument de l’ICE. Son utilisation nous a servi à confirmer ce que tous savent aujourd’hui -que l’institution va changer- et en même temps, à obtenir le résultat politique important illustré ci-dessus.

Le débat sur l’avenir de l’Europe est polarisé autour de deux positions qui occupent la scène politique : le néolibéralisme et le populisme. Le néo-libéralisme est l’idéologie qui, sur la vague de la globalisation, affirme que plus on réduit les contraintes du libre jeu des forces du marché, plus on développe la prospérité, la liberté et la paix. La prédominance, à partir des années 1970, de grandes concentrations de pouvoir économique sur le marché mondial a déterminé une régression de la politique, l’érosion de la souveraineté des Etats et des institutions démocratiques, la subordination des gouvernements au marché et de l’économie réelle à la finance.

D’autre part, le populisme croit pouvoir mettre sous contrôle les oligarchies financières en revenant aux souverainetés fermées et au nationalisme. C’est une position anachronique qui essaie de faire revenir en arrière le chemin de l’histoire comme si le retour aux souverainetés et aux monnaies nationales permettaient d’affronter les défis globaux dans un monde dont les protagonistes sont les Etats de dimensions macrorégionales.

C’est notre responsabilité d’affirmer le fédéralisme comme nouvelle pensée forte, capable d’apporter une réponse à la crise financière et économique et de promouvoir, à travers une Europe qui parle d’une seule voix, le modèle fédéral dans le monde. Nous devons revenir aux principes du Manifeste de Ventotene qui misait sur la Fédération européenne. Dans cette perspective, l’intégration économique se présente comme une étape sur la voie de l’union politique. C’est seulement dans le cadre d’une union fédérale que la politique pourra reprendre le dessus sur les marchés et étendre au niveau européen les principes de la démocratie, de l’Etat de droit et du gouvernement de l’économie. Avec une taxe sur les transactions financières et une taxe sur les émissions de CO2 -que l’on ne peut réaliser que dans le cadre de l’Eurozone-, il sera possible de mettre sous contrôle la spéculation financière et la pollution de l’environnement, doubler les ressources propres du budget européen et initier le transfert au Parlement européen du pouvoir de décider, non seulement des dépenses, mais aussi des recettes du budget européen.

Nous devons ramener la solidarité au coeur de l’Europe et mettre l’Europe au service des citoyens. La campagne « New Deal for Europe » (http://www.newdeal4europe.eu), pour un plan européen extraordinaire de développement durable et pour la création d’emplois est la réponse aux deux urgences auxquelles l’Europe doit faire face : le chômage qui a dépassé dans l’UE le niveau de 23 millions et la désaffection d’un nombre croissant de citoyens vis-à-vis des institutions européennes.

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