L’Ukraine entre Est et Ouest

Avertissement : les tribunes sont des contributions individuelles de sympathisants du mouvement au débat et ne reflètent pas nécessairement les positions de celui-ci.

, par Stefano Spoltore

L'Ukraine entre Est et Ouest

Les évènements dramatiques qui depuis fin 2013 ont affecté l’Ukraine posent de sérieuses interrogations sur les futurs scénarios géopolitiques en Europe et dans le monde. La crise ukrainienne n’est pas uniquement une crise régionale, parce qu’un des pays les plus concernés, la Russie, revient sur la scène politique décidée à jouer, comme dans un passé récent, un rôle de premier plan dans l’échiquier international. Pour les européens il est capital, pour leur survie même, de comprendre le processus en cours.

Résumé des faits

La décision du Président Yanukovich de ne pas signer l’accord d’association à l’Union européenne en novembre 2013 [1] a déclenché une série de manifestations de protestation d’abord dans la capitale Kiev et ensuite dans d’autres villes d’Ukraine dégénérant en une guerre civile aux conséquences inimaginables au début. Avec la renonciation à la signature de l’accord, l’Ukraine a accepté en même temps la proposition d’aides économiques et financières de la part de la Russie qui souhaitait renforcer avec l’Ukraine le projet d’accord douanier avec nombre de républiques qui firent partie de l’Union Soviétique. La renonciation à l’association avec l’Union européenne a provoqué des manifestations toujours plus violentes. La violence a pris le dessus. À la suite de la fuite de Yanukovich. a été mis en place en Ukraine un gouvernement provisoire, incapable de gérer et de mettre un terme aux manifestations. En dépit du changement radical de gouvernement, la place centrale de Kiev est restée occupée par des franges les plus extrêmes de la droite nationaliste qui ont imposé au nouveau gouvernement, comme premier acte, l’abolition du russe comme langue officielle, tandis qu’était élu comme Procureur général de la République un membre du parti Svoboda qui compte parmi ses idéologues Bandera, chef du parti nazi à l’époque de l’occupation allemande durant la seconde guerre mondiale. En même temps des monuments dédiés à Lénine et aux soldats soviétiques tombés pendant la guerre contre l’envahisseur nazi ont été détruits dans de nombreuses villes de l’Ukraine centrale et occidentale. En sens inverse se sont formés dans les régions de l’est des comités de défense des monuments ex-soviétiques et de soutien à plus d’affinité avec la politique de la Russie. Dans ce contexte le gouvernement russe a émis des critiques toujours plus dures à l’encontre du nouveau gouvernement ukrainien l’accusant d’être illégitime, fasciste et de ne pas protéger la minorité russophone du pays (de l’ordre de 20%) qui dépasse les 80% de la population dans les régions de l’est. Les manifestations dans l’est du pays ont atteint l’objectif de faire abolir la loi interdisant l’utilisation du russe comme langue officielle à côté de l’ukrainien. Mais elles ont également fait grandir dans tout le pays d’un côté une haine viscérale anti-russe, de l’autre une détestation de l’occident et plus encore un nationalisme ukrainien exacerbé rejetant à la fois comme modèle tant la Russie que l’Union européenne.

Nous devons toutefois nous demander si à la base de la crise ukrainienne il y a seulement des comportements des classes ayant dirigé et dirigeant la nation ou si au contraire les raisons sont plus profondes et si l’Union européenne ne porte pas une responsabilité dans le déclenchement des tensions.

L’Ukraine ou Petite et Grande Russies

La crise ukrainienne a ravivé en Russie de forts sentiments de revanche contre le monde entier, avec le Président Poutine qui s’est immédiatement engagé en personne dans la gestion de la crise. Mais pour comprendre l’importance de l’Ukraine dans la politique de puissance russe il faut donner quelques précisions afin d’éviter de tomber dans une simplification se limitant au désir de la Russie de reconstituer les anciennes frontières de l’URSS.

L’Ukraine est la région dans laquelle est née la Russie elle-même. Mais si l’histoire de la Russie a ses racines en Ukraine, des raisons purement politiques et de raison d’Etat l’ont amenée à jouer un rôle de premier plan dans la région. Il est hors de doute que le Président Poutine ambitionne de redonner à son pays un rôle majeur dans le monde, comme en témoignent ses déclarations sur la tragédie constituée par l’écroulement de l’Union Soviétique. [2] À plusieurs occasions, depuis le début de la crise ukrainienne, le gouvernement russe a violemment critiqué les manifestations de masse et les violences consécutives à la fuite du Président Yanukovich et l’installation provisoire du nouveau Président Yatsenyuk dans l’attente d’élections anticipées. L’accusation principale portait sur la déposition de fait d’un Président démocratiquement élu et sur le fait que les violences en cours dans le pays étaient animées d’un esprit anti russe ne garantissant plus la protection de la minorité russe dans le pays. En outre le pays était contraint de subir les chantages d’une place (Maïdan), aux mains en fait de mouvements d’inspiration néo fasciste (Svoboda et Right Sector). [3] Dans ce contexte le gouvernement russe a immédiatement soutenu l’hypothèse d’un referendum dans les régions de l’Ukraine qui demandaient un retour dans la Fédération de Russie, comme cela s’est passé en Crimée qui aujourd’hui est de fait partie intégrante de la Russie malgré le refus de tout le monde occidental d’accepter l’initiative référendaire. Mais à ces vicissitudes internes à l’Ukraine se sont ajoutées quelques questions de politique générale qui ont amené la Russie à agir avec fermeté. Le gouvernement russe a vu dans la proposition d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne une grave menace et l’Union européenne, encouragée et soutenue par les USA, n’a rien fait pour tranquilliser l’encombrant voisin et partenaire commercial, en matière énergétique notamment.

L’accord de partenariat proposé à l’Ukraine comprenait une série d’articles dans le domaine économique qui aurait soustrait le pays à une possible adhésion à l’union douanière avec la Russie. Renforçant cet aspect antirusse, l’accord prévoyait aussi des articles entiers consacrés à la « coopération en matière de politique étrangère et de sécurité … pour promouvoir une convergence graduelle dans ces domaines, avec pour perspective l’implication toujours plus profonde de l’Ukraine dans la sécurité européenne… pour approfondir la coopération entre les parties en matière de sécurité et de défense ». [4]

L’article 10 de l’accord prévoyait la participation de l’Ukraine au développement des programmes technologiques dans les secteurs de la défense, militaire ou non. Prudemment cette partie de l’accord d’adhésion, à l’occasion de sa signature en avril dernier, n’a pas été paraphée, mais l’ambiguïté de l’attitude européenne dans les rapports entre Ukraine et Russie a certainement constitué un des facteurs déclenchant la crise.

Les États Unis

L’attitude de l’Union européenne est à attribuer en grande partie à son manque d’autonomie par rapport à la politique étrangère américaine. Jusqu’à Depuis l’écroulement de l’Union Soviétique, la politique américaine envers les nations qui avaient fait partie du bloc soviétique consistait à favoriser toute politique et leader local à même de contrarier tout rapprochement avec la nouvelle Russie. [5] Mais la politique américaine est allée jusqu’à soutenir la candidature de nombre de ces pays en tant que membres effectifs de l’OTAN avec pour objectif de restreindre encore le champ d’action de l’ancien rival et de consolider un axe de défense des nouvelles républiques démocratiques ayant en même temps vocation à faire partie de l’Union européenne. [6] Cette politique a été perçue en Russie comme un syndrome d’encerclement non seulement politique mais aussi et surtout militaire. Et les États-Unis n’ont rien fait pour démentir cette crainte. En Ukraine, pendant qu’en décembre débutaient les premières manifestations violentes contre le gouvernement en titre, des parlementaires républicains américains emmenés par le Sénateur Mac Cain se rendaient à Kiev pour garantir leur soutien à l’association avec l’Union européenne. [7] Dans le même temps le Secrétaire d’État Kerry affirmait la nécessité pour la Moldavie, la Géorgie et même l’Ukraine de faire partie de l’OTAN. [8] De telles initiatives représentaient aux yeux de Moscou une sorte de provocation et d’ingérence directe des États-Unis dans la crise ukrainienne. Il faut ajouter qu’en avril le directeur de la CIA, John Brennan, était à Kiev. Toujours aux yeux de Moscou la situation était claire : derrière les manifestants et les attitudes antirusses on trouvait les Occidentaux soutenus par les USA. [9] Ainsi au moment où la Russie accusait les Occidentaux d’ingérence, les gouvernements occidentaux à leur tour dénonçaient avec des preuves irréfutables la présence de milices russes derrière les manifestations pro russe dans le Donbass et en Crimée où par un referendum a été approuvée en mars la sécession pour entrer dans la Fédération Russe.

Dans ce contexte d’accusations réciproques, toute proposition de médiation en provenance d’une des parties impliquées dans la crise ne pouvait qu’être rejetée au motif de l’ingérence.

L’Union européenne

La crise ukrainienne est née de l’échec de la signature de l’accord d’adhésion, mais il est également vrai qu’une crise se serait de toute façon développée suite à la grave situation financière de la nation : c’était une question de mois. Cependant, il n’en reste pas moins que, si les gouvernants ukrainiens se sont avérés incapables et corrompus, l’Union européenne a démontré n’avoir nullement compris la situation intérieure du pays qui était invité à l’association. De plus, au cours de ces mois, l’Union a joué un rôle tout à fait marginal, victime de ses divisions internes entre les partisans d’une ferme condamnation et de la rupture des relations avec la Russie (en particulier la Pologne, les républiques Baltes et la Suède – pays ayant conquis dans un temps lointain des régions ukrainiennes entières) et la position des pays qui souhaitaient jouer le rôle de médiateur. Un rôle totalement non pertinent marginal dans la crise, tellement l’Union a, à plusieurs occasions, été tenue éloignée des négociations directes entre la Russie et les USA, comme par exemple lors du sommet de Paris, aux conclusions en tout cas médiocres, entre le Secrétaire d’État américain Kerry et le Ministre russe des Affaires Etrangères Lavrov. [10]

L’Union européenne a donc, tout au long de cette crise confirmé son inconsistance politique. À plusieurs occasions, au cours des différentes négociations pour trouver une issue, le Président Poutine a appelé et parlé directement à la Chancelière Merkel, sachant bien que la position allemande représentait la seule position crédible dans l’Union actuelle. Une Union qui, il faut le souligner, a à l’égard de la Russie appuyé les positions américaines en faveur de sanctions économiques, mais dans certaines limites. L’Union européenne, dans ses manques criants d’efficacité, n’a pas de politique énergétique propre et importe environ 30% de son gaz de la Russie par des gazoducs qui traversent l’Ukraine. Ce 30% s’élève à 100% dans le cas de la Bulgarie, à 80% pour la Roumanie et 70% pour les Pays Baltes. Ce n’est pas un hasard si les gouvernements bulgare et roumain se sont fermement opposés à des sanctions économiques contre la Russie. L’exportation du gaz constitue pour la Russie un extraordinaire instrument politique. L’Union européenne ne pourra se passer des importations de gaz russe qu’en 2020 (en admettant qu’elle adapte dès maintenant ses unités de stockage à la variété du gaz américain), mais alors au prix de la dépendance envers les États-Unis. Le prix du gaz est devenu un autre moyen de pression utilisé par la Russie à l’égard du gouvernement de Kiev, faisant passer le prix de vente de 265 à 385,5 dollars les mille mètre cubes immédiatement après la chute du Président Yanukovich. En outre le ministère russe de l’énergie a demandé à l’Ukraine le paiement d’arriérés, reporté à cause de la crise financière, d’un montant supérieur à 1,7 milliard de dollars. En cas de non paiement la livraison du gaz serait suspendue. Pour éviter la pénurie énergétique, le nouveau gouvernement ukrainien a demandé le secours de l’UE et du FMI qui sont intervenus, dans leur propre intérêt également car en cas de blocage des exportations de gaz vers l’Ukraine une partie de l’Union européenne aurait été privée de gaz. [11] Le gouvernement ukrainien a alors craint une augmentation de 10% du coût du transit du gaz russe vers l’Union. Il faut observer que cette politique de prix appliqués par la Russie vers l’Ukraine et indirectement vers l’Union européenne (coïncidant avec l’aggravation de la crise en Crimée au moment du referendum sécessionniste) a été soutenue par les pays du BRICS. [12] C’est un signe supplémentaire de changement au niveau de la politique internationale montrant que les rapports de force ne sont plus dans les mains des seuls USA. L’Europe, malheureusement, n’existe pas et n’est pas un partenaire politique crédible.

La Chine

Un pays du BRICS, la Chine, a joué un rôle silencieux pendant la crise ukrainienne. Elle a soutenu les positions russes en s’abstenant à l’ONU et a, à plusieurs occasions, répété qu’elle souhaitait rester neutre dans la crise ukrainienne. Les échanges de la Chine avec l’Ukraine représentent 10 milliards de dollars mais dans les rapports entre les deux pays existe un nœud crucial : des accords agro alimentaires d’un montant de 3 milliards de dollars pour l’Ukraine et la location d’environ 10 000 hectares de terres à blé. C’est une source de problèmes car l’Ukraine n’a pas respecté la fourniture de blé prévue et financée par la Chine. Suite au non respect des accords, le gouvernement chinois a intenté un recours contre l’Ukraine devant le tribunal arbitral international de Londres. Et pendant que l’Union européenne et les USA développaient des sanctions contre la Russie, la Chine signait avec la Russie un programme d’importation de gaz pour 30 ans pour une valeur de 400 milliards de dollars. C’est une manière de répondre aux menaces commerciales occidentales non seulement de la part de la Russie, mais également de la Chine qui signe ainsi un accord économique qui aura prochainement d’inévitables conséquences dans le domaine politique et militaire.

L’impasse ukrainienne

La situation complexe en Ukraine, le contraste politique qui s’est radicalisée dans tout le pays avec des affrontements militaires dans les régions de l’Est (fomentés aussi par des milices russes), la sécession de la Crimée et son retour dans la Fédération russe, rendent les perspectives de retour à la paix très aléatoires. Les récentes élections présidentielles de mai 2014 qui ont vu la victoire de l’oligarque Porosenko [13] ne suffisent pas à rasséréner le climat politique et, au contraire, les affrontements armés se sont intensifiés dans le Donbass. D’ailleurs l’élection du nouveau Président multimilliardaire et connu comme le « roi du chocolat », représente à nouveau toutes les contradictions récentes de l’Ukraine. Le nouveau Président avait été en fait le premier oligarque à soutenir le mouvement Euromaidan dès le début, tout en ayant par le passé financé le Parti des Régions du président Yanukovic (réfugié en Russie) et ayant été, encore avant, un des principaux protagonistes de la révolution orange de 2005 initiée par Julia Timochenko, son adversaire aux dernières présidentielles.

La fracture géopolitique dans le pays pourrait trouver une solution avec l’adoption d’un modèle institutionnel de type fédéral, qui garantirait de larges autonomies régionales. Mais cette proposition, avancée par ailleurs par le gouvernement de Moscou, a reçu une réponse négative des nouveaux gouvernants ukrainiens et rencontré un fort scepticisme tant des USA que de l’Union européenne. La raison de fond de l’hostilité à cette proposition réside dans le fait que les protagonistes des vicissitudes ukrainiennes se méfient les uns des autres. L’unique voie envisageable serait une conférence de la paix, en pays neutre, qui se porterait garant du déroulement des réunions et qui rassemblerait les quatre acteurs de la crise : l’Ukraine, l’Union européenne, la Russie, les États Unis. Compte tenu de la difficile situation intérieure de l’Ukraine, soit cette nation fait le choix de rester neutre par rapport à la Russie et à l’Union européenne en passant des accords commerciaux et politiques non exclusifs soit elle s’achemine vers une partition de son territoire évoquant le triste destin de l’ex Yougoslavie.


L’Ukraine et le drame qu’est sa division pouvant encore s’accentuer avec l’arrivée d’une guerre civile, sont d’abord et certainement une défaite de la classe politique d’une jeune nation mais sont aussi l’énième défaite d’une Europe qui sans gouvernement, sans politique extérieure et de défense commune, restera à la merci des évènements, les subira sans les comprendre et sans pouvoir y faire face de façon appropriée. Devons nous nous résigner ou aurons nous un sursaut d’orgueil en exigeant qu’au moins les Pays qui jusqu’à aujourd’hui ont consolidé une ébauche d’union monétaire fassent un saut politiquement qualitatif et se battent pour un pouvoir politique au moins dans la zone euro ?

Stefano Spoltore

P.-S.

Traduit de l’italien par Yves Lagier

Notes

[1Les 28 et 29 novembre 2013 s’est tenu le Sommet UE de Vilnius avec les six pays du Partenariat oriental. Parmi les conditions pour la signature, l’Ukraine aurait dû s’engager à la réforme de la justice et à la mise en liberté de l’ex première ministre Timochenko.

[2Discours à la Douma en séance plénière à l’occasion du vote reconnaissant le referendum en Crimée.

[3Parmi les multiples manifestations de violence nous pouvons rappeler l’agression commise par quelques députés du parti Svoboda qui avaient fait irruption au siège de la télévision d’État à Kiev, frappant son directeur en direct et réclamant sa démission pour avoir transmis intégralement un discours de Poutine. Ou bien l’agression de deux candidats aux élections présidentielles, dont la faute était de venir du Donbass et d’avoir le russe comme langue maternelle.

[4La Stampa, 21 mars 2014

[5Une analyse lucide sur le possible retour de la Russie comme grande puissance se trouve dans l’article « L’Ukraine et l’équilibre mondial », F. Rossolillo, Il Federalista, Pavia, n. 1, 2005

[6En 1999 sont entrées dans l’OTAN : la République Tchèque, la Pologne, la Hongrie. En 2004 la totalité des pays anciennement membres du Pacte de Varsovie adhère à l’OTAN : la Lettonie, l’Estonie, la Lituanie, la Roumanie, la Bulgarie, la Slovaquie, la Slovénie. En 2009 ce sera le tour de la Croatie et de l’Albanie.

[7Corriere della Sera, Milan, 15 décembre 2013.

[8Corriere della Sera, Milan, 27 février 2014.

[9Ansa, 14 avril 2014.

[10Il Sole24Ore, Milan, 31 mars 2014.

[11Il Sole 24Ore, Milan, 2 avril 2014.

[12Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Washington Post, 1er avril 2014.

[13Internazionale, 26 mai 2014.

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