Intervention de Ulrich Bohner à Pau le 6 juillet 2016

, par Panos Lipsos

Intervention de Ulrich Bohner à Pau le 6 juillet 2016

L’Union des fédéralistes européens était présente à Pau le 6 juillet 2016, dans le cadre d’un after-work politique intitulé « Patriotisme européen et démocratie : pourquoi il faut l’Europe fédérale ».

La réunion était animée par Ulrich BOHNER, membre du Comité directeur de l’UEF-France et président de la Maison de l’Europe Strasbourg Alsace, à l’invitation de Panos Lipsos, coordinateur à Pau de « Générations actives » - un espace de réflexion soutenu par l’UDI.

Panos Lipsos a brièvement présenté les enjeux de l’Europe fédérale et insisté sur le fait que les fédéralistes européens pouvaient diverger sur le plan des idées, tout en militant pour des institutions qui permettraient d’en débattre dans un cadre fédéral.

Après le Brexit, ont été évoqués le besoin exprimé par les citoyens européens d’une Europe qui les protège, la nécessité de réformer l’Union européenne, l’absence de débat sur les institutions européennes, et ce qu’apporterait le fédéralisme à la démocratisation et à la transparence des institutions européennes. D’autres points ont été abordés. La nécessité de répondre aux craintes des citoyens à l’idée d’une fédéralisation de l’Europe, et les moyens de remédier à ces inquiétudes : principe de subsidiarité, mécanismes à mettre en oeuvre pour éviter les abus de majorité. L’impératif de faire passer le message que « l’Europe des nations » vue comme une simple Europe des coopérations fonctionnant par traités, serait encore moins démocratique que l’Europe actuelle. Et l’utilité du patriotisme européen, pour réformer l’Union et instaurer la confiance mutuelle entre européens.

Ulrich BOHNER a d’abord montré à quel point l’Union européenne était perçue comme un facteur d’espoir, par les pays qui n’étaient pas membres de l’Union.

Il a présenté plus en détail l’Union des fédéralistes européens, la plus ancienne organisation à se consacrer à la promotion d’une Europe démocratique et fédérale.

Il a également évoqué son expérience personnelle de l’Europe : citoyen allemand né à la fin de la
guerre, il a permis à l’assemblée de comprendre d’où nous partions et l’importance du chemin parcouru. Le savoir en théorie est une chose. L’entendre d’un homme qui l’a vécu en est une autre.

M. BOHNER a évoqué les étapes de la construction européenne.

Il en a également rappelé les aspects institutionnels dans leurs grandes lignes.

Il a insisté sur les aspects positifs, sur les apports de l’Union européenne. Multiplication des relations entre les peuples, liberté de circulation entre les peuples, renforcement des droits de l’homme et de la démocratie, coopération économique.

Il a évoqué le renforcement des pouvoirs du parlement européen, malgré le fait que l’Union ne soit pas encore dotée d’institutions réellement fédérales.

Il a abordé le projet de constitution de 2005, en présentant ses aspects positifs tant sur le fond que sur la méthode d’élaboration. Tout en regrettant son caractère peu lisible, et le fait que le texte ait été par la suite altéré par l’ajout d’un pavé de normes trop précises à la demande de certains pays, le rendant incompréhensible pour les citoyens. Ce qui a contribué à son rejet en France et aux Pays-Bas.

La question du patriotisme européen a été abordée.

M. BOHNER a évoqué la nécessité d’éviter une identité exclusive et le livre du franco-libanais Amin Maalouf sur les identités meurtrières.

D’une façon générale M. BOHNER a apporté à l’assemblée sa connaissance des institutions européennes et son expérience irremplaçable de militant fédéraliste de longue date.

La discussion qui a suivi était des plus intéressantes.

Quelques axes essentiels ont pu se dégager lors de la discussion.

Il pourraient être résumés ainsi :

  • nous insistons sans cesse sur les aspects négatifs de l’Union, en oubliant ce qu’elle a apporté aux peuples ; un intervenant a pu souligner la différence de perception selon les pays (l’Europe semble par exemple perçue avec plus d’enthousiasme en Espagne) ;
  • le budget de l’Union européenne est très faible par rapport aux enjeux ; se pose la question difficile des ressources propres de l’Union (un impôt européen ?) ;
  • la crise des réfugiés et des migrants a montré les limites du fonctionnement actuel de l’Union
    (moyens, mécanismes de prise de décision, insuffisances de l’agence FRONTEX, nécessité de
    créer un corps de gardes-frontières et le mécanisme de décision correspondant, qui ne peut être que fédéral si l’on veut qu’il soit démocratique) ;
  • l’impact des débats internes des différents pays, qui met au second plan la construction européenne ;
  • les citoyens européens ont soif de débat sur l’Europe mais ignorent dans quel cadre en débattre ;
  • ils sont souvent tenus dans l’ignorance de ce que l’Union fait pour eux, mais aussi du fonctionnement institutionnel de l’Union alors qu’ils ne demandent qu’à le connaître ; il a été rappelé que les débats du Parlement européen étaient accessibles sur internet, et il existe des médias européens, mais les questions européennes sont sous-représentées dans les médias nationaux et dans le débat public ;
  • une intervenante a indiqué que la plupart des citoyens européens, ne savent pas qui gère le budget européen, sont perdus face aux institutions actuelles trop complexes, sont sous-informés ;
  • une intervenante a exprimé son étonnement du fait que malgré ses 70 ans d’existence, l’Union européenne n’ait pas davantage avancé, notamment sur la question de la défense, des affaires étrangères, et d’autres domaines ; il a pu être indiqué que la cause en était justement que nos élus n’osaient pas aborder la question du fédéralisme, seule possibilité d’approfondir l’action de l’Union de façon démocratique dans ces domaines ;
  • un intervenant a rappelé que les États-Unis d’Amérique avaient mis 200 ans à se construire et étaient passés par une guerre meurtrière, la guerre de sécession, tandis que l’Union européenne n’avait encore que 70 ans ;
  • des avis divergents ont pu s’exprimer sur la nécessité de définir à l’avance quelles devaient être les frontières de l’Union et sur la question des critères ;
  • des avis divergents ont pu s’exprimer sur la nécessité de développer des partis européens qui
    ne seraient pas un rassemblement des partis nationaux ;
  • un intervenant ayant abordé la question du déficit démocratique, du mode de scrutin et la question de la proportionnelle pour les élections nationales, le débat a été étendu aux élections européennes ; l’existence de modes de scrutins différents et l’absence de collège électoral unique européen ont également été débattues, de même que la comparaison entre le sénat français et les sénats qui représentent les États dans les systèmes fédéraux ;
  • s’est posée la question des moyens concrets d’agir : M. BOHNER a évoqué l’existence du groupe SPINELLI, du nom du militant fédéraliste européen Altier Spinelli : il s’agit d’une initiative inter-courants lancée en 2010 notamment par le centriste Guy Verhofstadt et Daniel Cohn-Bendit, et qui tente d’insuffler une dynamique fédéraliste dans le processus décisionnel de l’Union européenne à partir de son « manifeste », ouvert à la signature des citoyens.
  • l’assemblée a regretté que les échanges entre Béarn et Aragon ne soient pas assez développés ; M. BOHNER a rappelé l’existence des GECT - Groupement européen de coopération territoriale .

Ce résumé n’est évidemment pas exhaustif des échanges.

La réunion a en tout cas confirmé la soif de connaissances et d’explications des citoyens sur le sujet.

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