À Villers le Lac le fédéralisme était à l’ordre du jour

, par Yves Lagier

À Villers le Lac le fédéralisme était à l'ordre du jour

Villers le Lac , petite ville de 4500 habitants , à la frontière franco-suisse était jusqu’à ce jour connue pour son potentiel industriel horloger et par ses bassins du Doubs qui marquent la frontière entre la Confédération Helvétique et l’Union européenne.

Elle est depuis le 29 mars devenue une expression de la conscience européenne avec la tenue d’une réunion de haut niveau dont le thème était tout simplement « l’Europe ça me concerne ».

Il faisait beau et les dernières neiges scintillaient sur la montagne jurassienne quand plus de 300 personnes prirent place dans la salle des fêtes à l’invitation de l’Amicale des Suisses du Haut Doubs, de Confrontations Europe, du Mouvement Européen et bien sûr de l’Union des Fédéralistes Européens.

C’est à l’initiative de notre adhérent et ami René Binetruy (91 ans) que put se tenir cette manifestation préparée depuis dix mois avec soin et détermination par René et ses complices et dont l’ouverture fut ponctuée par l’exécution de l’Hymne à la Joie par les musiciens locaux.

La position géographique de Villers le Lac a tout naturellement donné lieu dans un premier temps à une large évocation des relations entre la Suisse et l’Union Européenne, après une description du mode de fonctionnement des institutions européennes par Carole Ulmer de Confrontations Europe.

Philippe Herzog remplissait le rôle de modérateur.

Deux élus suisses de premier plan, Filippo Lombardi (ancien président du Conseil des Etats, chambre fédérale représentant les cantons) et Jacques-Simon Egly, président de l’organisation des suisses de l’étranger, surent décrire avec précision le mode de fonctionnement d’un système fédéral qui a donné à la Suisse stabilité et prospérité. Avec cependant une ombre au tableau : la récente « votation » du peuple suisse approuvant une initiative partisane tendant à limiter de façon drastique l’entrée des « immigrés » sur le territoire de ce petit pays qui compte aujourd’hui 25% d’étrangers dans sa population . Un large débat s’instaura à ce sujet dont il faut retenir que le gouvernement fédéral saura faire preuve « d’intelligence économique » pour ne pas briser irrémédiablement les liens qui unissent la Suisse à l’Union Européenne à travers les accords bilatéraux signés il y a une dizaine d’années.

Deuxième partie de la soirée, la présentation par quatre parlementaires européens de leur vision du futur de l’UE.

Pour Arnaud Danjean (UMP) l’élection du 25 mai ne changera pas la face de l’Europe .Il importe selon lui de relativiser l’enjeu politique du scrutin et de continuer à faire confiance à celles et ceux qui ont travaillé au Parlement dans le consensus.

Discours plus offensif de la part de Sandrine Bélier (Europe Ecologie) pour qui tout reste à construire dans la perspective fédérale et d’une nouvelle perception de la transition énergétique.

Pour Liem Hoang-Nogc( Parti Socialiste) les choix politiques des états-membres s’avèrent inaptes à sortir l’Europe de la crise. Les progressistes doivent proposer une autre feuille de route porteuse d’espoir : fédérale, démocratique et sociale.

Nathalie Griesbeck (Modem) accompagnée de Quentin Dickinson, bien connu des auditeurs de France Inter, a su mettre en évidence sa déjà longue expérience de parlementaire européenne pour affirmer sa foi en un renouveau européen que pourrait incarner le fédéraliste Guy Verhofstadt à la présidence de la commission.

De multiples interventions en provenance de la salle, tant suisses que françaises, interrogèrent sur le modèle de fédéralisme à inventer pour l’Union Européenne qui ne pourra être la copie des États-Unis d’Amérique.

La campagne électorale qui s’engage doit nous permettre de porter ce débat sur la place publique.

La rencontre de Villers le Lac a lancé la discussion. À nous d’interroger maintenant les candidats et de rencontrer nos concitoyens, afin que le scrutin du 25 mai ne constitue pas le jour noir pour l’Europe annoncé par trop de commentateurs en mal d’inspiration mais soit bien au contraire celui de la transformation de l’Europe que nous avons en l’Europe que nous voulons : une Europe des citoyens.

Yves Lagier

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