11 mai : nous sommes toujours confinés Les Européens doivent pouvoir circuler en Europe

Avertissement : les tribunes sont des contributions individuelles de sympathisants du mouvement au débat et ne reflètent pas nécessairement les positions de celui-ci.

, par Jean-Francis Billion, Valéry-Xavier Lentz

11 mai : nous sommes toujours confinés

Covid-19

Le 11 mai marque presque partout en France le début du “déconfinement” officiel, avec très peu de différences de statut entre les zones rouges, notamment là où la circulation du virus est toujours considérée comme active, et les zones dites vertes. Pourtant, tant que nous, Européens, ne pourrons circuler librement chez nous, en Europe, nous serons toujours confinés.

Depuis le mois de mars, la plupart des Européens subissent une politique de confinement dans le contexte de la pandémie de Covid19, la maladie causée par le nouveau Coronavirus apparu en Chine. Au 9 mai 2020, 1 229 640 cas ont été identifiés en Europe et 145 561 personnes sont décédées [1].

Pendant deux mois, le seuil de notre domicile est devenu une insupportable frontière et nos maisons des prisons, avec un permis de promenade d’une heure au plus, dans un cercle d’un kilomètre. Nous étions confinés.

Désormais, cette sinistre frontière devient celle du département, cette entité administrative jacobine basée sur la distance qu’un préfet pouvait parcourir à cheval en une journée depuis le chef-lieu. Notre nouvelle prison tolérera les déplacements dans un cercle de 100 km autour de notre domicile. Nous sommes toujours confinés.

Demain, peut-être, la prison s’étendra encore jusqu’aux frontières de l’État membre de l’Union européenne où nous résidons. Nous serons toujours confinés.

En tant que citoyens Européens, nous sommes, partout en Europe, dans n’importe lequel des 27 États de l’Union, chez nous.

Nous voulons être libres de nous déplacer, chez nous, sans attestation, sans contrôle, sans le regard inquisiteur de l’agent d’un État membre qui ne s’intéresse qu’à notre statut administratif et nous pas à ce que nous sommes : des Européens chez eux.

Tant que, Européens, nous resterons prisonniers de ces barrières odieuses, que certains tentaient de nous imposer à nouveau, avant même la pandémie, nous serons toujours confinés.

Naturellement, l’absence de politique commune au niveau de l’Union rend compliquée l’abolition pure et simple de ces restrictions dans les prochaines semaines. C’est pourquoi nous devons exiger de nos dirigeants politiques la mise en oeuvre de toutes les mesures qui nous permettront de sortir de ce confinement de facto.

Le jour de la fête de l’Europe, samedi 9 mai 2020, 24 députés à l’Assemblée nationale ont écrits au ministre de l’Intérieur français pour demander que le passage aux frontières vers d’autres pays de l’Union soit assoupli dès à présent : “dans tous les territoires frontaliers, la fermeture des frontières de manière non concertée par les différents pays de l’Union a laissé un goût amer aux millions de citoyens français et européens qui ont construit leurs vies professionnelles, étudiantes ou familiales en traversant les frontières intra européennes quasi-quotidiennement.” [2] Ils réaffirment, comme nous, “que la fermeture des frontières en Europe ne peut pas devenir la nouvelle norme chaque fois qu’il y a une crise”.

Samedi 9 mai, encore, un rassemblement s’est tenu à Kehl, dans la banlieue de Strasbourg du côté allemand du Rhin, dans le respect des bonnes pratiques de distanciation physique entre les participants, pour réclamer la réouverture du passage entre les deux rives [3].

Au delà il faudra au plus vite une coordination, pilotée par la Commission européenne, pour restaurer nos libertés, d’abord entre les zones à moindre risque, puis partout dès que la situation le permettra, pour mettre fin à une situation intolérable.

Les Européens devront rester vigilants aux réflexes nationalistes hideux de ceux qui tireraient prétexte de la pandémie pour tenter de nous garder emprisonnés une fois celle-ci passée. Si des factieux tentent de reconstruire des barrières aux frontières, nous devrons naturellement les briser et les brûler. Nous devons nous mobiliser contre toute velléité de réduire nos droits et imposer à nouveau le respect de cette évidence qu’un Européen doit être libre de circuler en Europe. Ce n’est pas négociable.

Valéry-Xavier Lentz et Jean-Francis Billion

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