Élections européennes 2014 : désignation des candidats Lettre ouverte à l’attention des responsables des partis politiques français

, par Alain Réguillon, Chloé Fabre

Élections européennes 2014 : désignation des candidats

Lettre ouverte adressée aux présidents des partis politiques français par Alain Réguillon, président de l’UEF-France et Chloé Fabre, présidente des JE-France.

Ce début d’année étant marqué par les vœux, les fédéralistes français formulent les souhaits les plus fervents pour une réelle prise en compte des élections européennes par partis politiques français.

Les informations parues dans la presse quant à la désignation des candidats aux prochaines élections européennes soulèvent de sérieuses inquiétudes qui ne laissent pas entrevoir une issue favorable à une bonne représentation de nos concitoyens au Parlement européen.

Les premières données sur les listes en préparation ont suscité ce commentaire d’un membre de l’assemblée nationale, ancien député européen évincé par son parti en 2009 : Les listes européennes ont trois fonctions : le repêchage de ceux qui ont perdu et que l’on considère comme des beautés divines, l’attente de meilleure fortune pour les grands de ce monde et, la gratification pour les courtisans.

Ce commentaire, autant ironique que sévère sur cette triste spécificité bien française, nous conduit à vous poser trois questions :

  1. L’avenir économique et mondialisé est-il si peu important pour vous que vous négligiez la dimension européenne, seule voie pour la France de maintenir son rang ?
  2. Le Parlement européen ne serait-il qu’une source alimentaire et un refuge provisoire pour certains invisibles du travail législatif ?
  3. Les citoyens seraient-ils si peu intéressants que vous négligiez de les représenter dignement ?

Vous prétendez défendre les intérêts de la France alors que, par votre attitude, votre pratique, votre inconséquence, vous la rayez progressivement du principal lieu où s’exerce le pouvoir démocratique de l’Union européenne : le Parlement européen !

Cette assemblée va jouir de nouveaux pouvoirs issus du traité de Lisbonne et de décisions récentes sur la mise en place de l’Union bancaire. Il importe donc d’envoyer au Parlement européen des femmes et des hommes qualifiés, connaissant les dossiers, maîtrisant au moins une langue, autre que la leur et décidés à se consacrer à plein temps à leur mandat ainsi que d’en rendre régulièrement compte aux citoyens. En Allemagne, en Pologne, en Espagne, au Royaume-Uni… les partis ont monté de véritables écoles de préparation pour leurs candidats.

Au mois d’octobre dernier, le Cercle de l’industrie a publié une note à l’attention des décideurs politiques intitulée : « Renforcer la voix de la France au sein du prochain Parlement européen ». Cette note souligne l’intérêt d’avoir des députés influents, travaillant dans les commissions stratégiques et ayant devant eux le temps utile à une bonne maîtrise de la pratique législative européenne.

Le Parlement européen est la seule assemblée au monde qui rassemble des femmes et des hommes de vingt-huit nationalités qui, par un contact quotidien apprennent à rapprocher leur point de vue, à mutualiser leurs bonnes pratiques, à harmoniser la vie commune de 508 millions de citoyens.

Travailler dans une enceinte ouverte à tant de diversité culturelle, linguistique et juridique nécessite un investissement permanent ; c’est un apprentissage long qui demande beaucoup d’attention et de travail assidu, qui appelle à nouer des liens stratégiques entre députés et qui implique une capacité d’adaptation et de mobilité importante.

Alors, comment imaginer que cette intégration puisse être réalisée avec des élus qui auront les yeux constamment tournés vers Paris et qui utiliseront les moyens mis à leur disposition pour n’exister que sur le plan national ?

Nous attendons autre chose des partis politiques, notamment :

  • Qu’ils reconduisent les députés européens qui ont bien rempli leur mandat et qui ont le désir de le renouveler, considérant que nous en avons de talentueux dans les différents groupes ;
  • Qu’ils évincent ceux qui n’ont pas fait honneur à leur mandat par leur absentéisme et leur inaction ;
  • Qu’ils désignent de nouveaux candidats compétents et motivés, ayant une légitimité géographique dans la circonscription où ils se présentent.

Il vous appartient de veiller à la mise en œuvre de ces objectifs sans quoi vous donneriez une prime à celles et ceux qui veulent faire de cette élection un levier contre la construction européenne et pour un repli frileux sur le village gaulois, avec toutes les conséquences néfastes que cela entraînerait pour la France, pour l’Europe, pour le monde.

Placer des ministres, d’anciens ministres et autres parlementaires nationaux déchus en première position, c’est prendre le risque, à nouveau, d’un débat purement national, passant à côté de l’essentiel : l’Europe. Or, il n’y a pas de salut sans une réforme radicale et une intégration poussée de l’Union. Vous devriez le savoir.

Ne pas comprendre cela et maintenir les choix faits ou en cours est une faute lourde dont vous serez comptable !

Ne commettez pas l’irréparable, la France et l’Union européenne valent que vous désigniez les meilleurs. La démocratie mérite l’excellence, pas la médiocrité.

P.-S.

L’UEF-France est la section française de l’Union européenne des fédéralistes. Les Jeunes Européens – France sont la section française des Jeunes Européens Fédéralistes.

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